samedi 8 octobre 2016

Destin de ouf

  • Jack "Mad" Churchill 


 Jack Churchill nait en 1906 au Sri Lanka, passe son enfance à Hong Kong, retourne en Angleterre où il est diplômé du Royal Military College en 1926 et part servir en Birmanie.

 Il quitte l’armée en 1936, fait une apparition dans le film Le Voleur de Bagdad, représente l’Angleterre aux championnats du monde de tir à l’arc en 1938 et obtient même la 2e place aux championnats militaire de… cornemuse.

 Néanmoins, dès le déclenchement de la seconde guerre mondiale, il se rengage dans l’armée britannique et intègre le corps expéditionnaire envoyé dans le nord de la France en 1939.

 Churchill a déjà une vie peu commune jusqu'ici mais c’est surtout l’excentricité du personnage qui va le rendre remarquable.
 Car si Jack Churchill est surnommé Mad Jack (Jack le Fou), c’est bien à cause de son attitude sur le champ de bataille : il part au combat avec une épée, un arc en bandoulière et sa cornemuse sous le bras !




Il déclara « un officier qui part au combat sans son épée n'est pas dans une tenue correcte. »


 En mai 1940, il tue un soldat allemand avec son arc, donnant le signal de l’attaque de son groupe et devient ainsi le seul cas de soldat ayant abattu un ennemi avec une flèche dans un conflit moderne.


 En décembre 1941, il est envoyé en Norvège pour participer à un débarquement contre une garnison allemande. Au moment où la rampe d’accostage se baisse, il sort en jouant un air de cornemuse, avant de lancer une grenade et courir à l’assaut.



(Jack Churchill en première ligne en train de charger sur la plage avec son épée à la main)

 En juillet 1943, il mène deux commandos en Sicile et, toujours avec son épée et son arc, fait 42 prisonniers.

En 1944, il est envoyé en Yougoslavie pour aider la résistance et organise une armée hétéroclite de 1500 partisans. Alors que son groupe attaquait un aéroport, un obus tombe près de lui, tue ou blesse tout le monde, sauf Churchill qui jouait l’air Will Ye No Come Back Again à la cornemuse.

 Il sera finalement assommé par une grenade et capturé par les Allemands. Après un passage par Berlin, il sera transféré au camp de concentration d'Oranienburg-Sachsenhausen…d’où il s’évadera en rampant sous les fils et à travers les égouts.


 Il est ensuite envoyé en Birmanie en 1945 combattre les Japonais mais le temps qu’il rejoigne le théâtre des opérations les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki mettent fin à la guerre.

Jack Churchill, en colère contre cette fin soudaine de la guerre, déclara « Sans ces maudits Yankees, nous aurions pu continuer la guerre pendant encore 10 ans ! ».

 En 1948, il part en Palestine combattre les Arabes dans un autre conflit régional.

 En 1952, il fera une apparition dans le film Ivanhoé comme archer, clin d’œil à son histoire,




avant de repartir en Australie où il deviendra un passionné de surf. Il sera d’ailleurs l’un des premiers à surfer des vagues de plus d’1m50 sur une planche de sa fabrication.

 Il prend officiellement sa retraite militaire en 1959 et devient instructeur à l’école militaire mais n’arrête pas pour autant ses excentricités. Un jour, en voyage dans un train, il subjugua les autres passagers en lançant subitement sa valise par la fenêtre. Il expliquera plus tard qu’il l’avait lancée dans son propre jardin pour éviter d’avoir à la porter depuis la gare.

 Après avoir connu autant d’aventures et de champs de bataille, il meurt de sa belle mort dans le Surrey en Angleterre en 1996 à l’âge de 90 ans.





  •  Juan Pujol Garcia, dit Garbo 



 Juan Pujol Garcia nait à Barcelone en 1912.

 Issu d’une famille modeste, il aide assez tôt son père dans l’exploitation agricole familiale et malgré son service militaire ne se destine en rien à une carrière militaire n’ayant pas, de son propre aveu, les qualités de « loyauté, générosité et honneur ».
Pendant la révolution et la guerre civile en 1931, il rejoint tour à tour, presque forcé par les circonstances, le camp des communistes et celui des franquistes. Il en retire alors une haine absolue de ces deux systèmes et lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, il décide de se mettre au service de la Grande Bretagne, seul pays selon lui à rejoindre ses valeurs anti-communistes et anti-nazis.

Il contacte par 3 fois les services secrets britanniques pour leur proposer d’espionner pour eux mais les Anglais n’y voyant pas d’intérêt rejettent son offre à chaque fois .

 Il décide alors d’une autre stratégie d’approche et se crée une identité de fonctionnaire gouvernemental espagnol pro-nazi fanatique, voyageant souvent en Grande-Bretagne. Il réussit même à usurper un imprimeur pour obtenir un véritable passeport diplomatique . Il contacte alors un membre des services secrets allemand en Espagne et se fait rapidement recruter, recevant une formation d’espionnage, de l’encre invisible, un livre de codes et de l’argent pour monter un réseau en Angleterre.
 Mais au lieu de partir en Angleterre, il s’installe à Lisbonne d’où il fera croire à son agent traitant allemand dans ses rapports qu’il se déplace en Angleterre grâce à des informations trouvées sur des guides touristiques, des magazines, des almanachs de chemins de fer, etc. Il va même jusqu’à se faire rembourser ses frais de déplacements.

 Ses faux rapports de mouvements de troupes et d’informations locales diverses sont interceptés par le Programme Ultra britannique qui comprend rapidement que quelqu’un dispense de fausses informations aux services allemands.

 En 1942, il contacte un officier américain à Lisbonne, qui voit alors en lui un potentiel énorme de désinformations aux Allemands et permet enfin son recrutement par le MI5. Il est alors transféré clandestinement en Angleterre, sa femme et sa fille le rejoignant peu après.
Compte tenu de ses talents d’imagination extraordinaires et de son admiration pour l’actrice Greta Garbo, le nom de code « Garbo » lui est donné. Du côté allemand, il est connu sous le pseudonyme de « Alaric Arabel ».

 Avec l’aide de son agent traitant britannique, il va rédiger en 2 ans 315 lettres, rapports et fausses informations à l’intention des services allemands. Il était si prolifique que les Allemands ne jugeront pas nécessaire de recruter d’autres espions en Angleterre. Ses rapports livraient de fausses informations, de vraies informations mais à faible valeur militaire ou de réels informations importantes mais qui parvenaient aux Allemands trop tard pour être avantageusement utilisables. Il crée également un réseau virtuel qui « emploiera » jusqu’à 27 agents, répartis dans tout le Royaume Uni.


 
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Des agents qu’il aura « recruté », justifiant ainsi son important rendement et lui permettant de blâmer ses agents en cas de mauvaise information. Chaque agent, son nom, sa situation, son histoire était nés de son imagination et il entretenait ce réseau, n’hésitant pas à les faire « mourir » selon ses besoins. Ainsi pour justifier la non-transmission d’une information d’un départ de flotte armée inratable à Liverpool, il fit tomber malade et mourir son agent sur place, allant jusqu’à obtenir des Allemands un versement d’une rente à la « veuve » de cet agent.


 Pour accélérer ses communications qui jusqu’alors étaient des courriers transportées par avion, les Allemands lui demandent de passer à la radio. Il obtient alors les codes quotidien… codes qui étaient immédiatement transmis aux cryptanalystes anglais de Betchley Park qui, connaissant le message original de Garbo, pouvaient en déduire les méthodes de cryptage allemands et donc décoder d’autres messages.


 En janvier 1944, l’idée d’un débarquement allié était désormais bien acquise pour tous et Garbo fut mis à contribution dans le cadre de l’Opération Fortitude, plus grande opération de désinformation militaire de l’Histoire, visant à cacher aux Allemands le lieu exacte du débarquement allié.

De nombreux subterfuges furent employés pour laisser penser le Haut Commandement allemand que le débarquement se ferait dans le Pas de Calais (importants mouvements de troupe dans le sud-est de l’Angleterre, création d’une armée gonflable de tanks, importantes tranmission radios, etc…) et Garbo eut un rôle important à jouer car il transmis quantité de rapport d’espionnage allant dans ce sens. Il convainquit si bien les Allemands que le débarquement en Normandie serait une simple opération de diversion que deux mois après celui-ci les Allemands maintenaient toujours 2 divisions blindées et 19 divisions d’infanterie dans le Nord de la France pour contrer les Alliés.
 Le jour du débarquement, il envoya de nombreux détails réels du « débarquement de diversion » aux opérateurs allemands au milieu de la nuit, sachant qu’ils n’étaient pas là pour les recevoir. Il s’offusqua de leur négligence «C’est inadmissible ! Si ce n’était pas pour mes idéaux, j’abandonnerai tout de suite notre collaboration ! »

 Pour honorer Garbo de ses actes d’espionnage, il sera récompensé par les Allemands en juillet 44 de la Croix de Fer et en novembre 1944 fut fait Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique, devenant ainsi le seul agent double à avoir été récompensé par les deux camps.


 Après la guerre, pour échapper à d’éventuelles représailles, il organisa sa mort de malaria en Angola et parti s’installer au Venezuela sous une fausse identité. Il poursuivra sa vie en tant que libraire jusqu’à sa mort à 76 ans en 1988.




  •  Adrian Carton de Wiard 


 Adrian Carton de Wiart nait en 1880 à Bruxelles d’un père belge et d’une mère irlandaise.

Très jeune, il est envoyé en Angleterre pour suivre sa scolarité, d’abord au Collège Balliol puis à Oxford qu’il quitte en 1899 pour s’engager dans l’armée britannique et partir en Afrique du Sud pour la Guerre des Boers.
 Il y est sévèrement blessé à l’estomac et doit être rapatrié en Angleterre avant de revenir en 1901 en Afrique du Sud où il est nommé aide de camp du commandant en chef de son bataillon.
Il aura alors le temps de pratiquer toutes sortes de sport, depuis la course à pied jusqu’au polo. Il obtiendra la naturalisation anglaise en 1907 et se marie en 1908.

 Lorsque la première guerre mondiale éclate, il est mobilisé en Somalie britannique et sera blessé par balle deux fois au visage, perdant un œil et une partie de l’oreille.

En 1915, il embarque pour la France et rejoint le front de l’ouest où il commandera 3 bataillons.
Il sera alors blessé 7 fois, littéralement des pieds à la tête, perdra sa main gauche et s’amputera lui-même de doigts à l’aide de ses dents devant le refus d’un médecin de l’opérer.
Il obtiendra de nombreux récompenses militaires tant belges (Croix de guerre belge) que britanniques (Victoria Cross) et terminera le conflit avec le grade de lieutenant-colonel.
 Malgré toutes ses blessures, il écrira dans ses mémoires : « Franchement, j'ai adoré la guerre ».

 Après la guerre, Carton de Wiart en envoyé en Pologne pour aider le pays à faire face à différents conflits régionaux qui l’occupent, depuis la menace soviétique de la révolution bolchévique à l’est, la guerre avec l’Ukraine au sud, la guerre avec la Lituanie au nord et des conflits de frontière avec les Tchèques à l’ouest.

C’est à cette période que son avion se crashe, crash auquel il survivra mais ne lui évitera pas la prison en Lituanie.
En 1920, attaqué à bord d’un train par la cavalerie bolchévique, il les repoussa en tirant depuis la marche du train, tombant même et réussissant à remonter dans le train en marche. Il retire de cette période passée en Pologne une profonde amitié pour les polonais et s’y installe jusqu’en 1939 où sa retraite paisible est interrompu par l’invasion allemande.
Il a juste le temps de s’échapper avec une partie du gouvernement par la Roumanie, pourchassé par les Allemands d’un côté et les Russes de l’autre.
 De retour en Angleterre, il est aussitôt envoyé en mission de reconnaissance en Norvège, connait plusieurs péripéties avec les Allemands, combiné à la neige et la géographie de l’endroit, est évacué en Angleterre avant d’être renvoyé en 1941 direction la Yougoslavie qui entre-temps avait demandé l’aide britannique face à la menace d'invasion allemande.

C’est justement au cours de ce trajet que son avion va de nouveau s’écraser en mer, l’obligeant à nager jusqu’à la côte libyenne où il sera fait prisonnier par les forces italiennes.

Notons qu’il a déjà 61 ans à ce moment là.
 Envoyé en Italie dans une prison spéciale pour officiers seniors, il se lie d’amitiés avec d’autres anciens et prépare une évasion en creusant un tunnel pendant 7 mois.
Après 5 tentatives, il réussira à s’évader, se déguisera en paysan mais sans parler un mot d’italien, avec un bandeau sur l’œil et une main en moins, il passe difficilement inaperçu et se fait reprendre 8 jours plus tard.
Peu de temps après, en 1943, il est alors transféré à Rome…pour être chargé par le gouvernement italien, qui cherche secrètement à négocier sa sortie de la guerre, de contacter les Anglais et d’organiser la reddition.

 Une fois cela effectué, il repart d’Angleterre en direction…de la Chine auprès de Tchang Kai Chek  où il est chargé de représenter le gouvernement britannique pendant 3 ans. Sur le chemin, il passera par le Caire lors de la réunion entre Roosevelt, Churchill et Tchang Kai Chek.





A partir de là, il voyagera successivement en Inde, en Birmanie, au Japon, à Singapour et prendra sa retraite en 1947 avec le grade de Lieutenant-General et de très nombreuses décorations, notamment celle de Chevalier commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique.


A Rangoon, il glisse d’un escalier, s’assomme, se casse plusieurs vertèbres. Il rejoint l’Angleterre où les médecins lui retireront une quantité importante d’éclats d’obus du corps.

 Sa femme meurt en 1949… et lui se remariera en 1951 à l’âge de 71 ans.

Il meurt à 83 ans en 1963 après avoir écrit ses mémoires « De la reine Victoria à Mao Tse Toung ».




  • Ivor Thord-Gray



Ivor Thord-Gray nait à Stockholm en 1878 sous le nom de Thord Ivar Hallström.

A 17 ans, il s’engage dans la marine marchande et débarque au Cap, en Afrique du Sud où il s’engage dans l’armée britannique. Il participe alors à la guerre des Boers en 1899, sert dans la police d’Afrique du Sud et combat la rébellion Bambatha en 1906 en tant que capitaine de la police montée à Nairobi au Kenya.

Après un passage aux Philippines en tant que gendarme et en Malaisie comme planteur entre 1909 et 1911, il rejoint la révolution mexicaine en 1914 en tant que major d’artillerie sous les ordres de Pancho Villa. Il devient rapidement chef d’état major de la 1ere armée mexicaine.

Pendant la première guerre mondiale, il rejoint l’armée britannique en tant que lieutenant-colonnel dans les Royal Fusilliers et recevra la médaille de guerre anglaise et la médaille de la Victoire. Il change son nom pour Thord-Gray en 1917.

En 1918, il sert brièvement dans l’armée canadienne en tant que lieutenant-colonel de la force expéditionnaire en Sibérie avant de rejoindre l’armée blanche de Russie où il officie en tant que colonel, commandant la 1ere division d’assaut de Sibérie.

Il quitte la vie militaire en 1919 et s’installe en 1925 aux Etats-Unis où il crée une banque d’investissement sur la 5e avenue à New York.
En 1934, il est naturalisé américain et nommé Major-général et chef de cabinet du gouverneur de Floride.

En 1955, il publie un dictionnaire Anglais-Tarahumara (une ethnie vivant au nord du Mexique), ainsi qu’un livre à caractère biographique sur la révolution mexicaine.

Ivor Thord-Gray aura combattu dans pas moins de 13 conflits à travers le monde et été officier supérieur dans les armées anglaises, mexicaines, russes et américaines.



Il finit ses jours dans sa résidence d'hiver de Coral Gables en Floride avant de s’éteindre en 1964 à l’âge de 86 ans.



  • Witold Pilecki





Witold Pilecki est un Polonais, né en Russie en 1901 où sa famille avait été déportée suite à la participation de son grand-père à l’insurrection polonaise de 1861-1864.

Pendant la première guerre mondiale, à 17 ans, il s’engage dans les unités d’autodéfenses polonaises avant de participer en 1919-1920 à la guerre russo-polonaise en commandant une section de scouts puis une unité de cavalerie. Il sera décoré 2 fois pour sa bravoure et terminera ses études une fois la guerre finie.

Il se marie en 1931 et aura rapidement deux enfants.

En septembre 1939, au moment de l’invasion allemande, il est mobilisé dans la cavalerie et participe aux durs combats contre la Wehrmacht.
Mais face au rouleau compresseur allemand et l’avancée soviétique à l’est, le pays est rapidement conquis. Il fonde alors en novembre 1939 l’Armée Secrète Polonaise, l’une des premières organisations de résistance clandestine. L’organisation regroupera bientôt plus de 8000 hommes et sera incorporée plus tard dans l’Armée de l’Intérieure. 

En 1940, il propose un plan audacieux visant à collecter de l’intérieur des informations sur le camp de concentration d’Auschwitz.
Le 19 septembre 1940, il se fait donc capturer volontairement par les Allemands, sous un faux nom, lors d’une rafle à Varsovie et, après 2 jours de torture, est transféré à Auschwitz.
Une fois à l’intérieur, il travaille comme Arbeitskommandos et collecte des informations sur les activités des Allemands dans le but de les transmettre à la résistance polonaise et préparer le combat. Il met en place une organisation clandestine à l’intérieur, visant à remonter le moral des prisonniers, fournir des informations de l’extérieur, répartir la nourriture et les vêtements et mettre en place un réseau de résistance pour reprendre le camp. Il réussit également à fabriquer une radio à partir de pièces détachées lui permettant de communiquer avec la résistance polonaise jusqu’en 1942, la détruisant, juste avant de se faire détecter par les Allemands.

En octobre 1940, il rédige un rapport qui sera transmis au gouvernement britannique en mars 1941, suggérant que les Alliés parachutent des armes sur le camp pour aider les prisonniers à se libérer eux-mêmes.
En 1943, comprenant que cette action ne se fera pas, il décide d’aller convaincre lui-même l’état-major de passer à l’attaque et s’évade du camp de concentration le 26 avril 1943 après 947 jours de détention, emportant avec lui des documents supplémentaires volés aux Allemands.

Witold Pilecki est de ce fait la seule personne connue internée de son propre gré dans un camp de concentration nazi et à s’en être évadé.

Malgré un second rapport, les Anglais refusent d’accorder une aide aérienne, jugeant que les informations du « Rapport Pilecki » sont exagérées : il y est en effet écrit que les Allemands ont exterminé près de 2 millions de personnes et en prévoit 3 de plus dans les deux années à venir.

En aout 1944, il prend part aux combats pendant l’insurrection de Varsovie qui verra la ville rasée par les Allemands. Il est fait prisonnier par les Allemands et finit la guerre dans un camp de prisonniers

Après la libération en 1945, et ayant intégré entre-temps une organisation secrète anti-communiste, il rejoint le 2e corps d’armée polonaise au sein de l’armée britannique et est renvoyé en Pologne, désormais sous domination soviétique.
Malgré l’ordre de cesser les actions clandestines, Pilecki refuse d’obéir et continue d’organiser la résistance contre les communistes et de collecter des informations. Bien que sa couverture soit éventée, il refuse de partir et continue son action.

Il est arrêté en 1947 par le service de sécurité intérieure et sera torturé et inculpé d’espionnage au profit de l’impérialisme étranger.


Il est condamné à mort et executé le 25 mai 1948 dans la prison de Varsovie. 
Dans sa dernière conversation avec sa femme, il lui dit : « Je ne peux pas vivre, ils m’ont déjà tué. Comparé à eux, Auschwitz était de la bagatelle ».

Ses derniers mots furent « Vive la Pologne Libre ».



  • Simo Häyhä




En 1939, la Russie soviétique envahit la Finlande afin de créer une zone tampon devant protéger Leningrad (Saint Petersbourg) d’une éventuelle attaque allemande.


La Russie, 47 fois plus peuplée et 66 fois plus étendue que son adversaire, aligne une armée 4 fois plus nombreuse et surtout mieux préparée et équipée que les Finlandais à majorité rurale.

Néanmoins, face à ce déséquilibre flagrant, la Finlande va gagner le respect international en tenant en échec la puissance russe dans ce qui sera appelée la Guerre d’Hiver.

Les soldats finlandais connaissent mieux le terrain qui se prête davantage à la défense, sont plus mobiles et maitrisent l’art du camouflage en milieu neigeux. Ils attaquent par petits groupes, disparaissent en ski et inventent des bombes incendiaires baptisés ironiquement en l’honneur du ministre russe des affaires étrangères « cocktail Molotov ».

Parmi ces soldats, il s’en trouve un qui aura joué un rôle majeur dans le succès de la défense finlandaise : Simo Häyhä.

Né en 1905, il rejoint l’armée finlandaise à 20 ans et se distingue assez vite par ses talents de tireur, remportant plusieurs trophées lors de compétitions militaires.
Aussi durant l’invasion soviétique, il sert logiquement comme sniper face à l’Armée Rouge et deviendra rapidement son pire cauchemar.

Simo Häyhä est en effet crédité officiellement de 505 tués (542 non officiel) au snip, auxquels s’ajoutent plus de 200 au fusil mitrailleur, faisant de lui le meilleur tireur d’élite de toute l’Histoire.
Tous ces soldats abattus l’ayant été durant les 100 jours que dura le conflit, soit une moyenne de 5 par jour.

Il fut surnommé la « Mort Blanche » par les Russes, qui déployèrent des moyens considérables pour l’abattre, allant d’autres tireurs d’élite à des bombardements d’artillerie sur ses positions supposées.

Simo Häyhä s’habillait d’une combinaison blanche intégrale et pouvait rester des heures sans bouger, enseveli sous la neige à des températures entre -20° et -40°. Il compactait la neige devant lui afin que le tir n’agite pas la neige et gardait de la neige dans sa bouche pour que la vapeur de sa respiration ne trahisse pas sa position. Il n’utilisait également pas de lunette télescopique mais seulement la mire de son fusil tant pour ne pas générer de réflexion que pour ne pas avoir à relever la tête et diminuer ainsi le plus possible sa silhouette.



Le 6 mars 1940, il est finalement blessé, recevant une balle dans la mâchoire, emportant la moitié de son visage mais sans le tuer. Il sera ramassé inconscient par des soldats alliés et reprendra connaissance une semaine plus tard, le jour de la signature de la paix.



Après la guerre, il passera plusieurs années à récupérer de sa blessure et deviendra un chasseur émérite et éleveur de chiens.
Il finira ses jours dans une maison de retraite pour veterans, jusqu’à sa mort en 2002 à l’âge de 96 ans.

Lorsqu’on lui demanda en 1988 lors d’une interview s’il regrettait d’avoir tué tant de gens, il répondit « Je n'ai fait que mon devoir et ce que l'on m'avait dit de faire du mieux que je le pouvais ».

  • Georges Painvin



Polytechnicien et ingénieur des Mines de Paris, Georges Painvin (né en 1886) commence sa carrière en tant que professeur en géologie et en paléontologie. Il est très tôt passionné par les codes et la cryptologie qu’il exerce comme un loisir.

Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, il se lie d’amitié avec un capitaine qui lui fait découvrir les systèmes de communication. En janvier 1915, il demande, pour essayer, qu’on lui remette des textes chiffrés allemands et ne tarde pas à mettre au point, seul,  une méthode de déchiffrement.

Il est alors officiellement recruté par le Chiffre français et est transféré au Cabinet Noir.

Pour commencer, il se concentre sur les textes cryptés de la marine allemande, jusqu’alors indéchiffrés, et réussit à les casser permettant une chasse aux sous-marins plus efficace.

Il continue avec un autre code, le chiffre ABC, et réussit à le percer après 2 semaines de travail et malgré les faux messages envoyés par les Allemands pour l’induire en erreur.

En mars 1918, les Allemands mettent en place un nouveau code très sécurisé, l’ADFGVX, devant permettre de sécuriser les communications pour les offensives à venir sur Paris.

Pour bien mesurer l’exploit qui va suivre, il faut expliquer rapidement en quoi consiste ce code :

On constitue un carré de 6x6 avec les lettres A,D,F,G,V,X en tête des lignes et colonnes. Ces lettres ADFGVX ont été choisies car elles sont bien différentes en morse ce qui réduit le risque d’erreur lors de la transmission.
On réparti les 26 lettres de l’alphabet et les 10 chiffres dans ce carré, ce qui fait que chaque lettre de l’alphabet se situe à une intersection de A,D,F,G,V,X. Combinaison evidemment différente selon la disposition des 26+10 lettres dans le carré.

La phrase « Lancer l’assaut » peut donc être codée par « AV DG AX FD XF VA DG VG VG DG GV DA »

Cette première phase est identique au chiffrement antique dit du Carré de Polybe, qui a perduré pendant près de 2000 ans, où les lettres étaient remplacées par leur numéro d’intersection de ligne/colonne.

La seconde étape consiste à retranscrire cette phrase ADFGVX dans un tableau, ordonné selon un mot clef et de réordonner les colonnes alphabétiquement par rapport au mot clef.
Ceci a pour effet de mélanger complètement les couples de lettres précédent, ainsi notre exemple devient DF VV DD AA XD VG VX FG GV GD AG GA.

Le destinataire, connaissant le mot clef et la grille 6x6 initiale n’a plus qu’à refaire les étapes dans le sens inverse pour recomposer le message original.

Cela tombe au plus mauvais moment de la guerre car les Alliés savent que l’état major prépare une attaque d’envergure mais ne peuvent prédire l’endroit.

Le code semble impossible à casser mais pourtant en 4 jours d’un travail acharné mené jour et nuit, pratiquement sans dormir ni s’alimenter, le lieutenant Painvain va réussir à comprendre la méthode de chiffrement ainsi que les clés utilisées.



Le 2 juin 1918, il fournit un message déchiffré, envoyé la veille par l’état major allemand à l’intention d’avant-postes situés au nord de Compiègne : FGAXA XAXFF FAFVA AVDFA GAXFX FAFAG DXGGX AGXFD XGAGX GAXGX AGXVF VXXAG XDDAX GGAAF DGGAF FXGGX XDFAX GXAXV AGXGG DFAGG GXVAX VFXGV FFGGA XDGAX FDVGG : « Hâtez l'approvisionnement en munitions, le faire même de jour tant qu'on n'est pas vu ».
A la remise du message, Painvain s’écroule de fatigue et sera hospitalisé. 

Le message sera plus tard surnommé le "Radiogramme de la Victoire", car l’état-major français comprend l’importance de cet ordre et surtout le lieu de l’attaque allemande, permettant de regrouper l’ensemble de ses forces et de contrer l’attaque allemande, action déterminante dans la fin à venir de la guerre.

Painvain est fait Chevalier de la Légion d’Honneur mais il ne pourra toutefois en parler à personne car ses activités sont soumises au secret militaire pendant près de 50 ans.
Sa contribution est enfin reconnue en 1962. L’inventeur de l’ADFGVX, le colonel allemand Nebel, n’apprendra quant à lui qu’en 1967 que son code avait été cassé.

Après la guerre, Painvain reprend ses activités de professeur, puis devient directeur d’une société d’électrochimie. Il s’installera au Maroc et dirigera une société d’ouvrages maritimes avant de revenir en France et de mourir en 1980 à l’âge de 94 ans.








 Article à poursuivre...